On ne changera jamais Paolo Simoncelli et l’homme ne machera jamais ses mots, que ce soit pour souligner les bonnes performances de ses pilotes, comme le font généralement tous les team managers dans leurs communiqués de presse, mais aussi pour dépeindre avec vigueur les mauvais résultats quand ceux-ci se produisent, ce que quasiment personne ne fait.
Le « parler vrai » du patron, dans la SIC58 Squadra Corse on connaît, mais cette fois on sent comme une certaine nostalgie dans ses propos, que ce soit au sujet de Tony Arbolino, ex-pilote de l’équipe italienne vainqueur à Sepang, mais aussi de Lorenzo Fellon, qui effectuera sa dernière course avec sa Honda à Valence sous les célèbres couleurs blanches et rouges avant de partir sur une KTM du CIP – Green Power d’Alain Bronec.
Moins d’une course avant la fin du Championnat du Monde,
c’est le bon moment pour faire le point, aussi parce qu’avec la
probable victoire de Bagnaia et le Championnat Moto2 qui n’est pas
encore décidé, tout le monde sera concentré ailleurs la semaine
prochaine.
Paolo Simoncelli : «
Notre histoire a commencé avec le CIV, avec l’idée de diriger
les jeunes pilotes, ou les aspirants, vers leur rêve. Nous pouvons
dire que nous avons en partie réussi, évidemment pas avec tout le
monde. Parfois, il n’y avait pas le bon feeling, mais nous avons
toujours essayé de faire de notre mieux, en mettant notre expertise
à leur disposition.
Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire : Nous avons commencé
avec Mattia Casadei, qui a été déterminant pour la
création de l’équipe, nous sommes heureux que chaque année il soit
là, en compétition pour gagner le championnat du monde
MotoE.
Puis ce fut le temps de Tony Arbolino, grand
protagoniste en Moto3 et de cette dernière année en Moto2, de
Tatsuki Suzuki qui, malgré plusieurs années en
Moto3, est devenu célèbre avec nous et ensuite Niccolò
Antonelli, avec qui nous avons passé deux belles années,
même si le paddock le considérait comme un pilote « presque
fini ».
Aujourd’hui il y a Riccardo Rossi, qui porte le poids d’un nom
de famille particulier, plein d’attentes… C’est un type spécial,
sympathique et très intelligent, pointé du doigt comme un pilote
qui court juste parce qu’il est un « fils à papa », alors
qu’avec nous il a démontré qu’il faisait les bons chiffres et avec
de grandes qualités.
Son histoire sportive s’est développée. Dimanche, Riki a fait
une course incroyable, juste une erreur stupide a ruiné une fin qui
aurait pu être exaltante. Quel dommage !
Dans notre environnement « familial », j’aime quand
les gens nous définissent ainsi, nous essayons de laisser les
jeunes coureurs courir le plus sereinement possible, en leur
fournissant toutes sortes de moyens.
Et puis il y a Lorenzo Fellon… Un garçon qui sait certainement
piloter une moto, mais qui a abandonné trop tôt la collaboration
avec nous, ne comprenant peut-être pas que tout ce que nous
faisions avait pour seul objectif de le faire grandir. Trop
concentré sur la poursuite du chrono, alors que ce n’est que la
partie finale, le sommet de l’iceberg. Il faut d’abord soigner la
technique, qui est la base de la pyramide. Peut-être que ce n’était
qu’un pur manque d’harmonie, on n’est pas fait pour se sentir bien
avec tout le monde, surtout quand on est sceptique et qu’on est
convaincu que seule une KTM peut te faire monter sur le
podium.
J’ai vu l’interview post Sepang d’Arbolino et j’ai été heureux
que, même si cela fait plusieurs années, après sa première (vraie)
victoire en Moto2, il ait mentionné le Sic et notre première année
ensemble, émotionnellement difficile, ici en Malaisie. En fait,
c’est ce que je voudrais laisser à mes pilotes, ce que j’ai vu dans
les yeux de Tony. Pour que, lorsqu’ils parleront de nous, ils
puissent se souvenir des bons moments passés ensemble. »