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KTM Parlons MotoGP

C’est fait ! Parlons MotoGP se penche aujourd’hui sur Pedro Acosta, le 13e – et plus jeune – champion du monde Moto2, à la suite d’une saison menée d’une main de maître chez Red Bull KTM Ajo. J’ai beaucoup à dire sur ce pilote, mais aussi sur KTM, son employeur de toujours. Voici une analyse en deux points distincts qui offrira, je l’espère, un autre regard sur la situation. Sans plus tarder, nous voilà lancés.

 

Oui, Pedro Acosta est un crack

 

Souvent, on compare Pedro Acosta à Marc Márquez. D’ailleurs, j’avais publié, il y a peu, une analyse comparative des deux pilotes en autant de parties, que je vous invite à retrouver en cliquant ici. Bien sûr, la mise en perspective de deux carrières est un exercice périlleux car l’expression du talent, aussi intrinsèque et personnel soit-elle, dépend aussi d’un contexte historique. Mon article concernant l’octuple champion du monde visait davantage à revenir sur les deux parcours et tenter de trouver des similitudes, comme des différences.

Et si l’on prend Pedro Acosta pour ce qu’il est, alors on s’aperçoit aisément qu’il s’agit d’un immense talent, salué par ses pairs. Par pitié, ne vous laissez pas berner par le courant qui consiste à le réduire à un simple produit KTM, ou qui minimise la concurrence de cette saison.

 

Pedro Acosta Parlons MotoGP

Campeon ! Photo : Red Bull KTM Ajo

 

Selon moi, l’exercice 2023, en Moto2, était le plus relevé de tous les temps. Jamais nous n’avions vus autant de pilotes promis à un grand avenir, même en excluant le champion du monde. Comment ne pas évoquer Tony Arbolino, loin d’être ridicule, Arón Canet, extrêmement dangereux le dimanche, Jake Dixon, capable de prouesses ponctuelles rarement vues, ou la fougue du duo Speed Up composé d’Alonso López et de Fermín Aldeguer. Sans compter les autres, à savoir, les Albert Arenas, les Manuel González, ou la paire Honda Team Asia menée par Somkiat Chantra et soutenue par Ai Ogura. Vous pouvez remonter jusqu’à la 15e place et trouver beaucoup de qualité sur cette grille.

Et non seulement Pedro Acosta a gagné, mais en plus, il a écrasé la concurrence. Tous les noms cités précédemment n’ont rien pu faire toute la saison durant. Je fais référence aux sept victoires. Aux sept autres podiums. Aux trois poles, et aux huit meilleurs tours en course. Si vous doutez encore du bonhomme, rappelons qu’il a déjà remporté la Red Bull MotoGP Rookies Cup en 2020, puis, le championnat du monde Moto3 en 2021 en tant que rookie, et maintenant, le titre Moto2 deux ans plus tard. Au XXIe siècle, seuls cinq pilotes ont réussi à décrocher la couronne en petite et moyenne catégorie ; Dani Pedrosa, Manuel Poggiali, les frères Márquez, et donc, Acosta. C’est dire le niveau.

 

 

Alors, oui, il évolue au sein de la meilleure équipe jamais assemblée en Moto2. Dans une catégorie où tout le monde joue sur un pied d’égalité, Aki Ajo et ses troupes réalisent des miracles. Ils sont sur trois sacres consécutifs, après Remy Gardner en 2021 et Augusto Fernández en 2022. Mais pourtant, qui est excité à l’idée de le voir évoluer sur une MotoGP ? Est-on vraiment en train de compter les jours restants avant le test de Valence, comme nous le faisions pour Marc Márquez fin 2012 ? Non.

 

Une faute professionnelle ?

 

Honnêtement, je suis extrêmement déçu de ne pas l’attendre autant. Et tout ça pour une bonne raison ; le board KTM ne lui a pas donné le guidon d’usine. Ne vous y trompez pas : l’écurie Tech3 est excellente, et a déjà prouvé sa qualité par le passé. Plusieurs profils de grande classe y ont explosé, et les hommes d’Hervé Poncharal sont reconnus pour leur savoir-faire. Tout cela est vrai.

Mais pourquoi ne donne-t-on pas un guidon officiel à un tel pilote ? Imaginez-vous un seul instant Marc Márquez débarquer chez LCR Honda en 2013 pour remplacer Stefan Bradl ? Dani Pedrosa se voir refuser Honda Repsol en 2006 pour prendre la relève de Makoto Tamada ? Non. Alors, oui, je joue un peu avec l’histoire car les machines satellites, à l’époque, n’étaient pas aussi performantes que les officielles. Mais tout de même.

 

Pedro Acosta Parlons MotoGP

Une course dominée par… Fermin Aldeguer. Rarement avait-on vu un tel écart (huit secondes) en Moto2, mais qu’importe. Photo : Red Bull KTM Ajo

 

Si encore, Red Bull KTM disposait de deux cracks du niveau de Brad Binder, j’aurais pu comprendre. Mais j’avoue avoir du mal à saisir les tenants et aboutissants du contrat de Jack Miller. L’Australien ne montre pas le moindre signe de progression depuis le début de saison. C’est pire, il n’a jamais été aussi bon que lors de la quatrième manche seulement ! En Thaïlande, il ne termina pas dans les points à la régulière pour la première fois depuis le Grand Prix d’Autriche 2018, alors que Binder manquait de faire la leçon à Pecco Bagnaia et Jorge Martín.

Jack Miller a sa place en MotoGP, c’est certain. Mais pas celle de Pedro Acosta. Beaucoup semblent d’accord avec la décision de Pierer Mobility AG, qui envoie le jeune prodige « apprendre » chez GasGas. Mais quel signal est envoyé à Acosta ? Croyez-vous qu’il n’a pas suivi l’imbroglio autour de Raúl Fernández ? Jorge Lorenzo aurait-il été aussi confiant, aussi libéré pour son année rookie en 2008 s’il n’avait pas joué, directement, à son jeune âge, à jeu égal avec Valentino Rossi ? La pression qu’implique le rôle de pilote d’usine n’est-elle pas bénéfique pour des talents générationnels ? Ce sont de questions bonnes à poser.

 

Marc Marquez l’a déjà adoubé. Photo : Red Bull KTM Ajo

 

Conclusion

 

Pedro Acosta a prouvé qu’il était encore plus spécial qu’on ne le pensait cette saison, qui fut, à bien des égards, plus impressionnante que sa campagne 2021. Même si les comparaisons avec Marc Márquez sont futiles, il évolue dans la même galaxie à ce stade de sa carrière. En revanche, j’avoue ne pas comprendre pourquoi Jack Miller demeure dans l’équipe officielle. Quitte à racheter son contrat comme l’avait fait McLaren avec Daniel Ricciardo en Formule 1, il y avait des solutions ; ce n’est pas l’argent qui manque en Autriche (à Mattighofen chez KTM ou à Fuschl am See chez Red Bull). On connaît déjà le plafond de Miller, et je ne vois pas pourquoi il viendrait jouer devant régulièrement en 2024 alors qu’il n’en a jamais été capable au guidon de la Ducati Desmosedici.

Cette analyse est peut-être pessimiste, c’est vrai, car l’expérience peut bien se passer chez GasGas, et, pourquoi pas, se transformer en une promotion subite. Mais ne pas donner les rênes à un tel diamant brut est aussi risqué, car si l’acclimatation est plus lente, il pourrait bien passer son année à réfléchir à une sortie… jusqu’à exploser au sein d’un autre giron.

Qu’en pensez-vous ? Dites-le nous en commentaires !

 

D’or est le casque. Photo : Red Bull KTM Ajo

 

Photo de couverture : Red Bull KTM Ajo

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