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Bol d'Or

Cette 86e édition du Bol d’Or n’a pas été la plus disputée en piste, c’est un fait. En revanche, les nombreux retournements de situation et avaries mécaniques en tous genres ont pimenté la course. Au final, la victoire de la Suzuki GSX-R #12 du Yoshimura SERT Motul et ses pilotes Gregg Black, Étienne Masson et Sylvain Guintoli permettent d’offrir une 19e victoire à la marque japonaise. Ainsi nous est rappelée la dure loi de l’endurance, celle qui peut briser une destinée à tout moment, comme rendre grande une équipe valeureuse. Si cet article résume la dense action constatée durant ces dernières 24 heures, vous pouvez retrouver tout ce qu’il s’est passé ce matin en cliquant ici

 

Suzuki remporte un magnifique Bol d’Or

 

L’épreuve a été très difficile pour les équipes du championnat EWC, la catégorie reine de l’endurance motocycliste. Alors que la BMW M1000 RR #37 BMW Motorrad World Endurance Team s’élançait depuis la pole position, la piste séchante confrontait les équipes à un choix cornélien concernant le type de gomme à chausser pour les premiers tours.

 

 

Finalement, toutes les équipes de pointe ont opté pour les intermédiaires, à l’exception de YART-Yamaha et de sa YZF-R1 #7 à la livrée rouge et blanche, choisie pour célébrer l’histoire de la firme d’Iwata. Eux préféraient les slicks ; une option qui s’est avérée payante, puisque le soleil varois n’a pas tardé à sécher totalement la piste. Pourtant, cet avantage certain ne put être exploité : la violente chute de Javier « Xavi » Forés au guidon de la Ducati Panigale V4R #6 ERC Endurance Ducati causa la première sortie d’une voiture de sécurité, piégeant la Yamaha #7 au bout de la ligne droite des stands.

 

 

Gregg Black, sur la Suzuki #12, avait réalisé le meilleur départ, comme à son habitude. Lentement mais sûrement, trois machines se sont démarquées dans les premières heures ; la Suz‘, la Honda CBR 1000RR-R #1 F.C.C TSR Honda France, ainsi que la Yamaha #7. Comme souvent, d’ailleurs ; ces trois motos animent le championnat du monde depuis plusieurs années maintenant. Derrière, on retrouvait la BMW #37 mais également, la Honda #333 Honda Viltaïs Racing, très bien placée avec un énorme Leandro Mercado à son guidon. La Suzuki était la plus rapide, mais peinait à remonter. Ainsi, la première position changeait au gré des arrêts aux stands de longues heures durant. La soirée fut relativement calme. Juste, une casse moteur précoce élimina la Yamaha #77 Wojcik Racing Team EWC. Cela mit fin à un week-end particulièrement difficile pour la formation polonaise.

 

 

Quand le brûlant soleil se coucha, la course prit un tournant radical. Les participants ne se bagarraient pas les uns contre les autres, non, mais contre le mythe du Bol d’Or. Après plusieurs heures d’effort pour revenir dans le top, Gregg Black (Suzuki #12) perdit l’avant sans gravité. Une chute au mauvais moment pour un pilote déjà auteur de deux erreurs au Mans ainsi qu’à Suzuka.

 

 

Après un bref passage aux stands, elle repartait sans attendre. La chance fait aussi partie du sport. En revanche, d’autres n’ont pas connu le même sort pendant la nuit. La BMW #37, déjà, immobilisée à son box et contrainte de réparer. Une fois de plus, la marque allemande n’a pas pu se battre pour la victoire même si elle repart quand même du Castellet avec la pole, le meilleur tour en course (en 1’52.898, à mettre au crédit d’Illya Mykhalchyk) et un podium. Puis, le fait majeur qui fit basculer l’épreuve, tard dans la nuit. Les insomniaques – ou les passionnés, la ligne est fine – ne l’ont pas manqué ; c’est l’abandon de la Honda #1. Un long arrêt au box trahit une casse moteur, avec un vilebrequin bloqué. le F.C.C TSR Honda France baisse le rideau, et délaisse, par le fait, ses espoirs de titre mondial. Des images terribles.

 

 

Avant le lever du jour, d’autres ont connu des soucis avec leur matériel. La Kawasaki ZX-10R #11 Kawasaki WeBike Trickstar, la BMW #37 (encore une fois) et la Honda #333 ont toutes été contraintes de passer entre les mains de leurs mécanos. Seuls Suzuki et Yamaha semblaient passer entre les gouttes, eux qui occupaient les deux premières places. Mais le repos fut de courte durée pour la marque aux diapasons. Dans la matinée, on remarque un problème de température d’eau trop élevée. On choisit de faire rentrer la Yamaha #7 pour l’examiner, mais le problème semble trop lourd pour se mettre à travailler dessus. Dès lors, on décide de poursuivre l’épreuve, en priant, et en refroidissant le moteur à intervalles réguliers. On n’hésite pas à la faire revenir au box à plusieurs reprises, car le titre mondial est en jeu. Yamaha se condamne, et laisse Suzuki filer vers une 18e victoire. 

 

 

Du moins, c’est ce que l’on croyait. Débarrassée de toute concurrence et voyant la Yamaha #7 glisser dans le classement à mesure de ses arrêts prolongés, les deux pilotes de la Suzuki #12 devaient simplement finir la course et éviter les pièges. Deux, car Sylvain Guintoli ne roulait plus depuis le petit matin en raison de troubles gastriques ! Étienne Masson et Gregg Black devaient composer avec ce paramètre, ils n’avaient pas le choix. En endurance, on ne peut pas tout prévoir, bien heureusement pour le spectacle d’ailleurs. Peu après 11 heures, Gregg Black ainsi que sept autres pilotes (dont Randy de Puniet sur la Kawasaki #11) furent pris dans une chute entre la courbe de Signes et le double droite du Beausset, en raison d’une flaque d’huile sur la piste ! Malgré une vitesse de 200 km/h au moment de l’impact, aucun pilote ne fut blessé, un miracle. Immédiatement, Black remonta sur sa moto, pour la deuxième fois déjà, et rejoignit le stand. Suzuki profita de l’intervention de la voiture de sécurité pour réparer les dégâts, uniquement cosmétiques. Un sacré… coup de Bol ! 

 

 

Dans le même temps, deux autres machines connaissaient de graves problèmes mécaniques. La Yamaha #99 KM99 put repartir après réparations, mais pas la Kawasaki #4 Tati Team Beringer Racing ; piston troué et donc, moteur cassé. Plus tard encore, la Metiss #45, dernière en vie de la catégorie Experimental, explosa son moteur en pleine ligne droite des stands ! Une image impressionnante qui motiva la direction de course à faire intervenir les safety cars. L’une des deux voitures de sécurité eut même un problème avec une durite qui se baladait non loin de la roue avant gauche ! Décidemment, le Bol d’Or n’épargne vraiment personne. 

 

 

Nous pensions que l’ordre était cimenté, mais c’était sans compter sur Markus Reiterberger et sa BMW #37 ! L’Allemand n’a rien lâché rien avec la Honda #333 en ligne de mire, à moins d’un tour. Mais son compatriote Florian Alt, sur la #333, ne l’entendait pas de cette oreille. Il ne fut jamais rattrapé.

Finalement, la Suzuki #12 s’impose avec huit tours d’avance. Suivent la Honda #333 et la BMW #37. La Yamaha #7 est quatrième, et devient championne du monde d’Endurance 14 ans après ! Bravo à eux. La Kawasaki #11 complète le top 5.

 

 

Que la course est cruelle

 

La catégorie Superstock n’était pas à négliger. Mais ça n’est pas mentir que d’affirmer qu’elle fut moins disputée, notamment en raison d’un fait de course majeur précoce. À peine l’épreuve avait-elle commencé que le moteur de la BMW #9 Tecmas-MRP BMW Racing Team partit en fumée. Kenny Foray, au guidon, n’en revenait pas ; pas plus que nous d’ailleurs. Archi favorite depuis la pole position, elle n’alla pas au bout cette année. Notez qu’il s’agissait de la troisième casse moteur depuis le début du week-end.

 

 

Dès lors, la Honda #55 National Motos prit les commandes. Derrière, de près, La Kawasaki #33 Team 33 Louit April Motos n’a rien lâché pour autant, et restait à courte distance. Un temps, on vit la Yamaha #13 OG Motorsport World Endurance Team se porter à hauteur, mais finalement s’effacer au profit de la Honda #41 Chromeburner RAC 41 Honda. D’autres faits de course majeurs n’ont point épargné la catégorie, notamment un qui marqua les esprits : la BMW #85 Tone RT Syncedge 4413 BMW faucha la Honda #44 No Limits, la forçant à l’abandon. Le pilote de cette dernière, Lorenzo Gabellini, ne manqua pas d’applaudir ironiquement son homologue japonais qui l’avait mis à terre.

 

 

La course reprit de plus belle avec d’autres péripéties, mais toujours, avec la Honda #55 devant. Elle connut une petite chute pendant la nuit, mais exactement comme la Suzuki #12, elle put repartir. Et, encore comme la Suzuki #12, elle fut surprise par la fameuse plaque d’huile entre Signes et le Beausset ! Elle put s’en extraire une nouvelle fois, mais la Kawasaki #33 y voyait là une opportunité de prendre la victoire en catégorie.

 

 

Au fil des heures, on sentait la pression venir au sein de la mythique écurie National Motos Honda. Cela annonçait un final bouillant, mais attention au coup de tonnerre ! À 14 h 33, la Honda #55 est aperçue au ralenti dans la ligne droite du Mistral ! Le pilote Sébastien Suchet rentre auprès des siens, la situation est critique. Au-delà du Bol d’Or, c’est la Coupe du Monde d’endurance qui s’envole ! Sébastien Suchet essaye de repartir pour éviter le déclassement, mais il est absolument dégoûté. Valentin, son frère et son coéquipier, ne peut retenir ses larmes.

 

 

Ceci dit, la course était loin d’être jouée. La Kawasaki #33 a hérité de la tête, mais la Honda #41, provisoirement victorieuse de la Coupe du Monde d’Endurance, restait à distance, sans jamais pouvoir revenir cependant. Team 33 Louit April Moto et ses pilotes Christian Gamarino, Simone Saltarelli et Kevin Calia prennent une victoire méritée, qui récompense la combativité. Le malheur de la Honda #55 fait le bonheur de la Yamaha #18 Team 18 Sapeurs-Pompiers CMS Motostore, qui franchit la ligne en troisième position.

 

 

Merci d’avoir suivi ce Bol d’Or avec nous, nous espérons que les résumés étaient assez clairs, précis, et informatifs. Merci également à Thomas pour les précieuses informations, toujours très utiles pour suivre des épreuves aussi denses. 

Classement provisoire du 86e Bol d’Or, dernière manche du championnat FIM EWC 2023 :

 

 

Crédit classement : FIM EWC/itslive

Photo de couverture : FIM EWC

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