Le départ de Toprak Razgatlioglu de Yamaha nuira-t-il gravement à la santé du projet R1 en WSBK tout en bonifiant celui de la M1000R sur laquelle le Turc a jeté son dévolu en signant pour deux ans chez BMW ? Tout dépend de quel point de vue on se place. Si l’on se réfère aux avis des autres pilotes des deux marques, on constate que, au sein de la maison d’Iwata, on est avide de travailler avec Jonathan Rea, tandis qu’à Munich, on craint ouvertement les conséquences du style bien particulier du Champion du Monde 2021 en approche …
Le compte à rebours du fin de bail a commencé pour Toprak Razgatlioglu chez Yamaha, comme celui qui annonce l’arrivée de Jonathan Rea à sa place. Lorsque l’on demande aux autres pilotes de la marque d’Iwata Andrea Locatelli ou Dominique Aegerter de ce qu’ils pensent du changement à venir, on découvre le sentiment que travailler avec le sextuple titré leur apportera plus que ce dont ils bénéficient actuellement avec Toprak…
« Je suis impatient de voir ce que Johnny peut faire », a même déclaré Aegerter à Speedweek. « Il a certainement le talent pour piloter vite et il est l’un des meilleurs. Il m’aidera avec son style de pilotage. Il roule à la manière de la vieille école, mais en termes de réglages, il me ressemble beaucoup plus que Toprak ».
Aegerter : « Toprak Razgatlioglu pilote complètement différemment, ce qui n’aide pas le reste d’entre nous »
Puis le Suisse passe aux aveux : « Toprak pilote complètement différemment, ce qui n’aide pas le reste d’entre nous. S’il freine dix mètres plus tard à chaque virage et que la roue arrière est en l’air, alors le réglage du frein moteur est complètement différent, tout comme celui du châssis ».
L’autre pilote d’usine Yamaha dans la catégorie Andrea Locatelli fait écho au même sentiment : « ce sera intéressant, Johnny est un autre pilote fort », a souligné l’Italien. « Je préfère ça, travailler avec un sextuple champion du monde est une belle opportunité, ce sera sympa. Je pourrai peut-être travailler plus étroitement avec lui car son style se rapproche davantage du mien. C’est bien pour moi, peut-être que je peux apprendre quelque chose de lui ».
Autant d’analyses qui auraient de quoi inquiéter les actuels pilotes BMW. Et c’est d’ailleurs le cas avec un Garrett Gerloff qui connait bien le sujet Toprak puisqu’il était chez Yamaha avant de passer chez BMW … « Je sais qu’il sera capable de bien piloter cette M1000RR. Il a une manière très particulière de piloter la moto qu’il a développée de la Kawasaki à la Yamaha. C’est l’un des meilleurs gars, donc c’est quelqu’un que j’essaie d’imiter quand je roule mais, pour moi, pour essayer de faire certaines des choses qu’il fait, cela n’a pas été facile avec la BMW de faire de même ».
Il explique : « cette moto semble être beaucoup plus difficile à piloter comme ça. Elle est un peu plus nerveuse et aime avoir les deux roues au sol. La venue de Toprak va être une grande motivation pour BMW. Il pourrait apporter quelques idées qui les obligeront à ouvrir un peu leur fenêtre pour voir ce qui pourrait fonctionner. La Yamaha était vraiment douée pour pouvoir soulever l’arrière, mais aussi lorsqu’elle se pose, c’est fluide. Avec la BMW lorsque vous commencez à soulever l’arrière et à atterrir, cela commence à vous donner un petit coup de pied ». Et il conclut : « la BMW est comme un outil de précision, ce qui est bien car on peut en tirer beaucoup ».